Nouvelle récente

Auteur : Pierre Pelchat Date : 2011-09-18 Source : Le Soleil Lien direct

(Québec) De nombreuses personnes âgées vivant dans des résidences privées pour aînés souffrent de dénutrition selon l'Ordre professionnel des diététistes du Québec. C'est également le cas dans les centres d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD).

«Lorsque c'est mesuré, on le constate. Chez la personne fragilisée, en perte d'autonomie, la proportion de personnes dénutries est aux alentours de 40 % à 60 %», a indiqué au Soleil la professeur Denise Ouellet, de l'Université Laval, qui accompagnait cette semaine les représentantes de l'Ordre en commission parlementaire sur le projet de loi 16. Mme Ouellet enseigne à la faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation.

Le manque de ressources est une des principales raisons qui expliquent cette situation. «Ça dépend toutefois des résidences. Souvent la résidence n'a pas les ressources professionnelles pour s'assurer que tous les repas vont répondre à tous les besoins», a-t-elle avancé.

Conséquences

L'Ordre des diététistes recommande au gouvernement que les personnes âgées en perte d'autonomie aient accès à des services d'évaluation précoce de leur état nutritionnel et, au besoin, qu'un plan de traitement nutritionnel soit préparé et qu'une surveillance soit assurée.

«Il faut voir comment on peut accompagner les résidences privées pour mieux répondre aux besoins de leur clientèle. Toutes les résidences n'ont pas besoin d'avoir une nutritionniste à temps plein. C'est irréaliste. Mais elles devraient avoir accès à une ressource qui peut les aider à travailler ses menus pour que ce qu'on offre comble les besoins», a affirmé Mme Ouellet.

Elle a rappelé que la dénutrition d'une personne âgée a des conséquences majeures sur sa santé. «Le risque de chute augmente énormément parce qu'il y a une perte de masse musculaire. Et on sait que la chute peut entraîner une fracture de la hanche qui est un des prédicteurs de mortalité chez la personne âgée», a-t-elle indiqué.

«La personne dénutrie peut moins s'occuper d'elle. Elle devient donc plus dépendante.

Son système immunitaire est affaibli assez rapidement. On parle donc d'infections plus importantes. Quand on a des plaies, elles prennent plus de temps à guérir. On augmente donc la médication et les coûts des soins», a-t-elle ajouté.

L'Ordre estime que le projet de loi 16 sur la certification des résidences privées pour personnes âgées et le projet de règlement qui l'accompagne ne vont pas assez loin. «Les critères autour des choix alimentaires des aînés devraient dépasser les notions de salubrité et d'hygiène et ne pas s'en tenir qu'à l'élaboration de menus établis en fonction du Guide alimentaire canadien», a soutenu la présidente de l'Ordre professionnel, Anne Gagné.