Nouvelle récente

Auteur : Pierre Pelchat Date : 2011-09-21 Source : Le Soleil Lien direct

(Québec) Les propriétaires de résidences pour personnes âgées font volte-face sur l'obligation d'informer le bureau du coroner de tous les décès survenus dans une résidence ou un centre d'hébergement de soins de longue durée (CHSLD).

«On avait donné un appui là-dessus, mais on s'est aperçu après, et en consultant des organismes comme la Fédération des médecins omnipraticiens, que finalement, ça n'a pas vraiment de bon sens. C'est plus du gaspillage, un encadrement inutile», a affirmé, hier, au Soleil, le président et directeur général du Regroupement québécois des résidences pour aînés (RQRA), Jean-Yves Desjardins.

En mai, le Regroupement était l'un des neuf organismes cosignataires d'une lettre adressée au ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, lui demandant de modifier la Loi sur la recherche des causes et des circonstances des décès, communément appelée la Loi sur les coroners, afin que le Bureau du coroner soit obligatoirement avisé de tous les décès de cause naturelle ou non dans une résidence pour personnes âgées ou dans un CHSLD. Cette prise de position faisait suite à une recommandation en ce sens de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse.

M. Desjardins estime suffisant de s'en remettre aux médecins, qui sont tenus de par la loi d'aviser le coroner d'un décès aux circonstances obscures dans une résidence pour personnes âgées ou un CHSLD. Toutefois, il semble que les médecins n'ont pas rapporté par le passé tous les décès obscurs. «Des avis peuvent être donnés aux médecins. Un rappel peut être fait que le médecin se doit de signaler s'il constate que c'est douteux», a-t-il dit.

Selon la Commission des droits de la personne, l'obligation d'aviser le Bureau du coroner d'un décès n'impliquait pas la tenue d'une enquête pour chacun des décès.

Par ailleurs, M. Desjardins craint que l'application de certaines normes trop sévères aux résidences pour personnes âgées entraîne la fermeture de certaines résidences.

«Il y en a à peu près 700 au registre du ministère en bas de 10 unités. Il ne faut pas penser que tout le monde nage dans l'argent. C'est un secteur qui est très difficile. En plus, on est sous la loupe. Il y a des propriétaires qui n'ont pas pris de congé depuis un an», a-t-il soutenu.

L'application de nouvelles nor-mes pourrait se traduire par une hausse des frais facturés aux personnes âgées. «Je comparerais ça aux événements du 11 septembre. Vous voyez sur votre billet d'avion maintenant une taxe spéciale. C'est sûr que si on ajoute des mesures, en bout de ligne, il y a quelqu'un qui paye. Pour les résidants, ça risque d'augmenter la facture», a-t-il convenu.

À son avis, la solution passe par la catégorisation des résidences en fonction du niveau de service. «Il ne faut pas augmenter impunément, n'importe comment, les services partout. Catégorisons et soyons le plus juste possible pour ne pas faire payer les aînés pour rien», a plaidé M. Desjardins.