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Auteur : Éric Yvan Lemay Date : 2011-03-29 Source : Canoe Lien direct

Un homme de 86 ans a agonisé pendant toute une nuit au Centre multivocationnel Claude-David de Repentigny. L'infirmière de garde n'a pas jugé bon de transférer à l'urgence l'homme qui souffrait d'une rupture de l'intestin.

Dans un rapport accablant de la commissaire aux plaintes du Centre de santé du sud de Lanaudière, on y apprend plusieurs lacunes survenues dans les heures précédant son décès le 5 juillet dernier. Ce rapport a été remis à la famille en février alors que les décès se multiplient à cet endroit depuis trois mois. On en dénombre une quinzaine dans une unité transitoire qui a été aménagée en décembre.

Dans le cas d'Eugène Parent, il avait été amené le 30 juin en réhabilitation au CMVCD après une fracture de la hanche.

Or, cinq jours après son entrée, il s'est plaint de violentes douleurs à l'intestin. On lui a d'abord administré un narcotique prescrit pour ses douleurs à la hanche.

Pas de place à l'urgence ?

Par la suite, une infirmière a pris la relève vers 23 heures. Cette dernière a refusé de transférer l'homme et de contacter le médecin de garde. «Je ne peux expliquer les raisons invoquées par l'infirmière présente de remettre le transfert au matin. L'explication (à l'effet) que monsieur ne serait pas reçu à l'urgence et ne pouvait être pris en charge en raison de la lourdeur de l'urgence n'est pas valable», écrit la commissaire Suzanne Bélanger.

Cette dernière indique que l'infirmière d'une agence présente cette nuit-là n'a jamais plus travaillé pour le CSSS depuis ce moment. Deux notes de service ont été acheminées au personnel.

Manque d'égard pour la famille

Parmi les problèmes ciblés, on note également le peu de notes dans le dossier de l'homme pour permettre de connaître l'évolution de son état de santé dans les dernières heures. On déplore également le fait que la famille n'ait pas été contactée et qu'elle n'a donc pas pu être à son chevet lors de ses dernières heures.

La famille s'est d'ailleurs plainte de l'attitude du personnel dans les heures suivant le décès. «Leur façon d'être ne respecte pas les directives du code d'éthique du CSSS du sud de Lanaudière », écrit la commissaire.

Famille fâchée

La famille d'Eugène Parent dénonce les circonstances entourant le décès de l'homme qui ne présentait pas de problème de santé majeur avant d'être heurté par la porte de l'hôpital.

Les proches s'expliquent toujours mal les lacunes qui ont entouré sa mort. «On fait plus attention à des rats de laboratoire», dénonce Sylvie Parent, la fille du défunt. «Mon père n'a pas reçu les soins à Claude David, pire il a été laissé à lui-même dans l'agonie. »

C'est à la suite d'un reportage du Journal faisant état de plusieurs décès à Claude-David, où l'un des patients se serait même étouffé avec un bout de pain, qu'elle a décidé de sortir l'histoire publiquement.

Compensation ?

Sylvie Parent se demande maintenant si l'infirmière n'avait pas reçu des ordres pour ne pas transférer les patients trop rapidement. «Ils vont éviter le plus possible de les envoyer à l'urgence et préfèrent les faire crever au CHSLD», croit-elle.

Malgré tout, elle ne veut pas tenir une seule personne responsable. Depuis les événements, son avocat a fait parvenir deux mises en demeure au Centre de santé. À cet endroit, la commissaire note que des mesures correctives ont été prises.